SÉRIE DE PUBLICATIONS RELATIVES AUX PERTES ET DOMMAGES
Les effets du changement climatique peuvent être scindés en deux catégories selon l'échelle temporelle sur laquelle ils se produisent et la vitesse à laquelle leurs impacts se manifestent. On distingue les événements à déclenchement rapide, tels que les cyclones et les vagues de chaleur, généralement appelés "événements météorologiques extrêmes" dans le contexte climatique. Il y a ensuite les évènements à évolution lente, tels que l'élévation du niveau de la mer, l'acidification et la désertification, qui se déroulent lentement et progressivement au cours des années, des décennies ou des siècles.
Ces deux phénomènes ont un impact considérable sur la vie des populations, causent des pertes et des dommages, entravent la jouissance des droits de l'homme et favorisent la mobilité humaine. La priorité devrait donc être accordée à la prévention ou à la réduction de ces pertes et dommages potentiels. Cela peut se faire à travers des mesures efficaces d'atténuation, d'adaptation et de réduction des risques. Il n'est cependant plus possible de prévenir ou de minimiser toutes les pertes et tous
les dommages, car le changement climatique entraîne déjà des pertes inévitables, et il le fera de plus en plus. En prenant cet aspect en compte, il semble essentiel de s'attaquer aux pertes et dommages résiduels inévitables, notamment dans les pays particulièrement vulnérables aux effets du changement climatique. Contrairement aux événements météorologiques extrêmes, les pertes et dommages causés par des évènements à évolution lente sont encore négligés dans le contexte du changement climatique, tant au niveau national qu'international. Plusieurs lacunes et défis dans la gestion de ces évènements et de leurs conséquences peuvent expliquer cette situation. Il s'agit notamment du manque de compréhension commune de la terminologie relative aux évènements à évolution lente, ainsi que du manque de données et de connaissances sur ces pertes et dommages (en particulier au niveau local). Il s'agit également d'un manque de clarté quant à la manière dont les pays font actuellement face à ces pertes, et d'un manque de clarté par rapport aux mesures adéquates pour faire face à ces pertes et dommages. Le rapport spécial sur l'océan et la cryosphère dans un climat en évolution du Groupe d'experts intergouvernemental des Nations unies sur l'évolution du climat (GIEC) indique ainsi que "[d] les travaux supplémentaires sont nécessaires pour explorer la gamme d'activités disponibles pour endiguer les pertes et dommages résultant d’événement à évolution lente dans le cadre du rapport du SROCC (...)" (GIEC 2019a, 630).